Les pratiques d’intervention en santé et services sociaux auprès de personnes allophones : points de vue croisés des personnes usager·ère·s, des interprètes et des intervenant·e·s
Chercheur.e.s
Naïma Bentayeb, Mónica Ruiz-Casares, Yvan Leanza et Lara Gautier
Collaboratrices
Mélanie M. Gagnon et Cécile Rousseau
Assistant.e.s et professionnel.le.s
Amanda Kutenksi (U Ottawa); Madeline Willis (McGill); Tareq Hardan (McGill); Andrée-Anne Beaudoin (U Laval); Esteveson-N Laîne (ENAP); Magloire Zoro (ENAP); Mah Alimata Traoré (ENAP); William Groulx (U Montréal); Marissa Belliveau (U Ottawa); Estefanía Rodríguez (U Ottawa); Nicol Mendoza Yáñez (U Ottawa); Nina Meango (U Ottawa); Mathieu Grou-Leclerc (U Montréal); Angela Wang (U Ottawa)
Financement de la recherche
Le réseau Accès aux soins de santé pour les minorités linguistiques (ASSML) (The Health Care Access for Linguistic Minorities Network (HCALM Network))
Contexte
Les barrières linguistiques entravent l’accès aux services de santé et sociaux ainsi que leur qualité. L’attention portée aux normes culturelles et sociales est également essentielle pour offrir des soins de qualité, en particulier aux migrants et réfugiés. Les avantages de travailler avec des interprètes ont été documentés, mais pas dans le contexte des crises sanitaires ni du point de vue des usager.ère.s. Notre étude explore comment les intervenant.e.s, interprètes et usager.ère.s allophones des services au Québec ont fourni et reçu des services de santé et sociaux durant la pandémie de la COVID-19.
Méthodologie
Des entrevues semi-structurées individuelles (n=53) ont été réalisées avec des intervenant.e.s de services de santé et sociaux publics et communautaires, des interprètes, et des usager.ère.s non francophones à Montréal et à la Capitale-Nationale. Les entrevues ont exploré (a) les pratiques innovantes dans la prestation de services avec des interprètes utilisées durant la pandémie de la COVID-19 et (b) les obstacles et les facilitateurs au succès de ces pratiques. Les entrevues ont été menées par téléphone, sur Zoom/Teams, ou en personne, en suivant les directives de la Santé publique, avec l’assistance d’un.e interprète lorsque nécessaire et ont eu lieu entre juillet 2021 et février 2022.
Principales contributions
Non seulement l’étude a donné une voix aux interprètes et aux usager.ère.s allophones, souvent sous-représentés dans les recherches sur l’interprétation, mais elle a également permis de mettre en contraste les choix, les préférences et les obstacles selon les différents acteurs. Il apparaît clairement que le rôle de l’interprète est essentiel dans les interventions en santé et services sociaux auprès des personnes allophones. Les enjeux et obstacles auxquels font face les intervenant.e.s et les interprètes en « temps normal » restent présents en contexte de crise sanitaire. Par ailleurs, le choix de la modalité d’intervention reste à la discrétion de l’intervenant.e en fonction du contexte et des possibilités. Bien que les intervenant.e.s préfèrent la modalité en présentiel, les contraintes d’accessibilité constituent un frein majeur, ce qui explique leur recours fréquent au téléphone, qui demeure la modalité la plus accessible, en particulier pour les usager.ère.s. Les résultats soulignent l’importance de réfléchir à l’utilisation de la modalité d’intervention à distance, qui pourrait être déployée plus largement, notamment dans les régions éloignées ou en cas de crises futures. Enfin, un programme de formation adéquat et un contexte institutionnel favorable et préparé sont des prérequis indispensables pour des interventions à distance, en présence d’interprètes, auprès de personnes allophones.
Consultez les infographies réalisées, disponibles en français et en anglais.
Les infographies présentent les cinq thèmes suivants :
- Utilisation d’interprétation;
- Avantages et désavantages des modalités d’interprétation;
- Obstacles à l’accessibilité du service d’interprétation;
- Caractéristiques d’un·e bon·ne interprète selon les participant·e·s;
- Recommandations des participant·e·s.
Membres et équipe SHERPA
Naïma Bentayeb
Chercheure d'établissement, Institut universitaire SHERPA, CIUSSS Centre-Ouest-de-l'Ile-de-Montréal
Mónica Ruiz-Casares
Professeure, School of Child & Youth Care, Toronto Metropolitan University
Lara Gautier
Professeure adjointe, Département de Gestion, d’Évaluation et de Politique de Santé, École de Santé Publique, Université de Montréal
Mélanie M. Gagnon
Psychologie, Cheffe de services en transfert de connaissances, CERDA, CIUSSS Centre-Ouest-de-l'Ile-de-Montréal
Cécile Rousseau
Professeure titulaire, Division de psychiatrie sociale et transculturelle, Université McGill