Polarisations sociales


La mondialisation, associée à des mouvements migratoires croissants et à une remise en question des frontières nationales est aussi caractérisée par des inégalités économiques et des tensions politiques qui ébranlent les équilibres géopolitiques au niveau international et qui ont des répercussions locales sur le vivre ensemble. La polarisation croissante de la société autour d’enjeux identitaires et les différentes manifestations de radicalisation violente au Québec et ailleurs interpellent des cliniciens, des chercheurs et des partenaires de différents milieux qui collaborent autour de quatre volets complémentaires d’action (la prévention, la formation, l’intervention et la recherche) afin de penser ce phénomène, à partir du domaine de la santé et des services sociaux, et à y répondre dans une perspective écosystémique.

Chercheurs et partenaires des milieux de pratique d’horizons très variés travaillent ensemble à concrétiser ces quatre axes, en partenariat étroit avec la direction des services intégrés de première ligne qui assure l’offre de service clinique et de formation au niveau local et provincial. La direction des affaires académiques soutient le rayonnement de cette pratique de pointe sur le plan national et international.  Les activités réalisées par SHERPA sont également développées en étroite collaboration avec l’équipe en partenariat avec l’équipe Recherche et Action sur les Polarisations Sociales (RAPS), le Canadian Practitioners Network for Prevention of Radicalization and Extremist Violence (CPN-PREV) et plusieurs ministères, dont le MSSS, dans le cadre du plan d’action 2015-2018 « La radicalisation au Québec : agir, prévenir, détecter et vivre ensemble ».

 

Documenter les déterminants de la radicalisation violente

Soutenir et former les intervenants en première ligne

Développer et évaluer des pratiques novatrices et préventives qui favorisent le vivre ensemble

Comprendre pour mieux prévenir : facteurs de risque et de protection du soutien à la radicalisation violente chez les jeunes du Québec (enquête cégep)


Chercheurs

Cécile Rousseau (McGill), Ghayda Hassan (UQAM), Youssef OulHote (Harvard), Abdelwahed Mekki-Berrada (ULaval), Vanessa Lecompte (McGill), Diana Miconi (McGill)

Partenaires

Fédération des cégeps du Québec, Cégep Maisonneuve, Cégep Rosemont

Financement

MSSS : 2016-2018

Description du projet

À l’hiver 2016, le Centre de recherche SHERPA, en partenariat avec la Fédération des cégeps, le collège de Rosemont, le collège de Maisonneuve et l’IRIPI a lancé la première phase d’une vaste étude sur les déterminants du soutien à la radicalisation violente chez les collégiens et collégiennes du Québec. Cette étude répondait à la mesure 2.1.5 du plan intergouvernemental de lutte contre la radicalisation violente du Québec (Plan d’action gouvernemental 2015-2018 La radicalisation au Québec : agir, prévenir, détecter et vivre ensemble). Elle visait à mieux comprendre les relations entre le contexte intercommunautaire actuel, les sentiments d’aliénation ou les vécus d’exclusion et de discrimination, et la détresse psychologique et/ou le soutien à la radicalisation violente chez les jeunes.

Objectifs : L’objectif général de cette vaste enquête est de documenter les relations entre les expériences d’exclusion et de discrimination, la détresse psychologique et le soutien à la radicalisation violente. Les objectifs spécifiques sont :

  • Documenter les relations entre vécu de discrimination (individuelle/collective et structurelle) détresse psychologique et soutien à la radicalisation violente.
  • Identifier les facteurs et les processus de protection qui diminuent la détresse psychologique et le soutien à la radicalisation violente et en particulier : le soutien social et l’estime de soi collective.
  • Documenter le rôle complexe (de protection, mais aussi parfois de risque) de la religiosité.
  • Étudier les variations par milieux institutionnels et par régions.

Méthodologie : Le devis proposé est un devis mixte. Une première phase de cueillette de données (sondage en ligne à partir de l’intranet des collèges), a été menée auprès  des étudiants de 8 cégeps. Une 2e phase de collecte a eu lieu au printemps  2017, avec six nouveaux cégeps (2 cégeps anglophones de Montréal et 4 cégeps hors Montréal). Au total, 3321 étudiants ont répondu complètement ou partiellement au questionnaire lors de ces deux premières phases.  Une  3e phase a été lancée en septembre 2017 visant à recontacter les collèges participant à la première phase, pour une deuxième mesure avec le même questionnaire afin d’obtenir des données documentant l’évolution du phénomène avec le temps.

Les données seront également utilisées dans le cadre d’une étude transnationale (« pooled data ») afin de procéder à des comparaisons entre pays. La Belgique, le Royaume-Uni, et le Québec sont parties prenantes, cette étude a commencé en septembre 2017, sous la coordination d’une chercheure postdoctorale en épidémiologie sociale.

Résultats : Les résultats ont démontré, manière globale, que le vivre ensemble dans les collèges se porte bien, et que le soutien à la radicalisation violente extrême demeure très marginal. Comme dans d’autres pays, les hommes et les jeunes de moins de 25 ans sont plus susceptibles de soutenir la radicalisation violente. De plus, les personnes ne se réclamant pas d’une religion, les étudiants originaires du Québec et les migrants de deuxième génération rapportent plus de soutien à la radicalisation violente que les personnes ayant une religion et les immigrants de première génération. Des événements de vie difficiles ressortent clairement comme des facteurs de risque. Des expériences personnelles ou familiales passées de violence sont associées à une augmentation du soutien à la radicalisation violente.

La religiosité est quant à elle  un facteur protecteur face au soutien à la radicalisation violente, en plus de modérer l’effet d’événements de vie difficiles. Lorsqu’il est assez fort, le sentiment d’appartenance à un groupe (identité collective) diminue le soutien à la radicalisation violente. Par contre, une identité collective très forte peut dans certains cas augmenter la légitimité de la violence envers « l’Autre ». Des représentations négatives du groupe d’appartenance dans l’espace public sont associées à plus de sympathie pour la radicalisation violente. La place du collectif dans l’identité est donc un facteur important et complexe dont il faut tenir compte dans les programmes de prévention. Par ailleurs, un soutien social fort est un facteur de protection qui diminue le soutien à la radicalisation violente, mais qui ne suffit pas à atténuer l’effet d’expériences de vie difficiles.

Retombées : À terme, ce projet permettra d’émettre des recommandations afin d’éclairer la mise en œuvre de programmes d’intervention et de prévention. Les milieux cliniques devraient notamment être sensibilisés à la façon dont le contexte actuel de radicalisation peut canaliser ou teinter l’expression de la détresse psychologique de certains jeunes qui sont exposés à des événements de vie adverses (discrimination et exposition à la violence).

Publications

Rousseau, C., Y. Oulhote, et al. (2019). « Collective identity, social adversity and college student sympathy for violent radicalization. » Transcultural Psychiatry (OnlineFirst).

Rousseau, C., G. Hassan, et al. (2018). « And if there were another way out? Questioning the prevalent radicalization models. » Can J Public Health 108(5-6): 633-635.

Hassan, G., C. Rousseau, et al. (2018). « Radicalisation violente Quel rôle pour la psychiatrie ? » Le Journal de l’AMPQ, Juillet 2018.

Rousseau, C., B. H. Ellis, et al. (2017). « The dilemma of predicting violent radicalization. » Pediatrics: e20170685.

Rousseau, C., G. Hassan, et al. (2017). Le défi du vivre ensemble : Les déterminants individuels et sociaux du soutien à la radicalisation violente des collégiens et collégiennes au Québec, SHERPA.

(Soumis) From social adversity to sympathy for violent radicalization: the role of depression and religiosity. Social Psychiatry and Psychiatric Epidemiology

(Soumis) Risks and benefits of security approches in health, social services and education institutions to prevent youth violent radicalization. The Lancet

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Étude transnationale (pooled data) sur les facteurs de risque et de protection du soutien à la radicalisation menant à la violence chez les jeunes


Chercheurs

Cécile Rousseau (McGill), C.; Kamaldeep Bhui (Cardiff University), Leen D’Haenens (Leuven University); Rochelle Frounfelker (McGill)

Partenaires

Belgique, Royaume-Uni

Financement

SHERPA : 2017-2018

Description du projet

La radicalisation menant à la violence et la polarisation sociale  sont des enjeux de santé publique majeurs.  Jusqu’à maintenant, les connaissances produites autour des déterminants s’appuient sur des revues systématiques de littérature ou des enquêtes locales.

Objectif : Sous la coordination d’une chercheure postdoctorale en épidémiologie sociale, Rochelle Frounfelker, cette enquête multisites vise à améliorer la compréhension des déterminants du soutien à la radicalisation menant à la violence chez les jeunes à partir d’un regard transnational.

Méthodologie : Cette enquête s’inscrit en continuité avec l’enquête menée au Québec auprès d’étudiants de niveau collégial à laquelle près de 4000 jeunes ont participé (voir la fiche du projet). Au Québec, ce sont ces données qui sont utilisées dans le cadre de cette étude comparative. Un questionnaire similaire sera également été administré auprès de jeunes de Belgique et du Royaume-Uni afin de procéder à des comparaisons.

Publications

Frounfelker, R. L., Frissen, T., Vanorio, I., Rousseau, C., & d’Haenens, L. (2019). Exploring the discrimination–radicalization nexus: empirical evidence from youth and young adults in Belgium. International journal of public health, 1-12.

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Evaluation of an intervention model addressing violent radicalization


Chercheurs

Cécile Rousseau (McGill), Rochelle Frounfelker (McGill-SHERPA), Diana Miconi (McGill-SHERPA), Anne Crocker (McGill), Martin Gignac (McGill), Élise Bourgeois-Guérin (Téluq)

Partenaires

CIUSSS Centre-Ouest-de-l'Ile-de-Montréal

Financement

Public Safety : 2020-2025

Description du projet

In 2016, Quebec implemented a clinical intervention model for radicalized youth comprising of: 1) a multiple entry point system; 2) specialized teams providing consultations and clinical services with expertise in cultural psychiatry and violence risk assessment/management; and 3) coordination with proximity services and resources, including a mentoring program for youth. The present research project will build a safe Canada by documenting the effectiveness of an intervention model for radicalized youth in Quebec and fostering training and exchanges between health and social services and their partners. 

The project combines both qualitative and quantitative research methods, building on the interdisciplinary experience of the team. The university setting will facilitate the involvement and training of students from multiple disciplines (e.g., psychiatry, psychology, social work), promoting interdisciplinary collaboration in the academic world, necessary when dealing with complex and multi-determined phenomena such as Violent radicalization.

The present research project aims to document the effectiveness of an existing intervention model for radicalized youth in Quebec, and will also foster training and exchanges between the security/legal, health and social service sectors in Quebec and across Canada through the execution of project components consisting of:

  • Qualitatively and quantitatively determining the effective outreach strategies to enroll and retain at-risk youth and families in clinical services;
  • Quantitatively identifying the impact of treatment on changes in youth trajectories in terms of violent risk level, social integration, sense of purpose and future orientation, and;
  • Qualitatively identifying the barriers and facilitators to providing clinical services and mechanisms of at-risk youth behavioral change.

Despite the fact that a randomized design is not possible for ethical reasons, quantitative and qualitative evaluation of the intervention will provide much needed evidence about the effectiveness of a Canadian model that can inform policy and programming development and dissemination.

Publications

À venir

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Étude ethnographique des interactions dynamiques entre islamophobie, détresse émotionnelle et stratégies de résolution de problèmes à Québec


Chercheurs

Abdelwahed Mekki-Berrada (ULaval), Géraldine Mossière (UdeM) et Cécile Rousseau (IU SHERPA / McGill)

Financement

CRSH 2017-2019

Description du projet

La tragédie du 11 septembre 2001 et les mouvements migratoires provenant de pays musulmans ont contribué à répandre une aversion de l’islam et des musulman.es. Une telle réalité est avérée dans le monde en général et à Québec en particulier qui tend à devenir un vivier pour de nombreux groupes extrême-droitistes et ouvertement islamophobes, voire néonazis, dont certains sont armés. La tuerie du 29 janvier 2017 dans la Grande mosquée de Québec et les crimes haineux et islamophobes qui tendent à se multiplier sont éloquents à cet effet. L’objectif principal du projet proposé consiste à réaliser une micro-ethnographie de lieux de culte et d’organismes communautaires, ainsi que des entrevues qualitatives avec des intervenant.es communautaires et des Québécois.es musulmans. Cette approche permettra d’explorer les interactions dynamiques entre l’islamophobie telle que perçue/vécue par les répondant.es, le bien-être ou la détresse émotionnelle de celles et ceux confrontés à l’islamophobie, et les stratégies de résolution de problèmes mises en oeuvre pour répondre à cette détresse et faire face à l’adversité. Considérant anthropologiquement la détresse émotionnelle, sans la réduire à sa dimension intrapsychique mais en l’ouvrant à ses multiples ramifications collectives, nous voyons la santé mentale comme une ressource collective nécessaire à la co-construction d’un vivre ensemble solide et durable, cependant miné par les radicalités haineuses dont l’islamophobie. Cette recherche permettra une connaissance améliorée des mécanismes et des multiples déclinaisons de l’islamophobie en général et de l’islamophobie genrée en particulier, dans un contexte de polarisations sociales particulièrement vives à Québec. Malgré des tensions palpables dans les rues de Québec et dans les médias, aucune recherche en sciences sociales n’a encore été réalisée sur l’islamophobie dans cette capitale. Le projet proposé répondra à ce vide. Il vise aussi à utiliser les résultats de la recherche pour sensibiliser davantage le grand public de Québec à travers deux «colloques communautaires» et un manuel vulgarisé («tool kit»). Les résultats seront aussi traduits en un modèle d’intervention culturellement approprié et en une série de recommandations qui seront soumis au Ministère de l’immigration, de la diversité et de l’inclusion et au Ministère de la santé et des services sociaux. Il est essentiel de mieux comprendre l’islam si l’on veut saisir le concept d’islamophobie et la réalité à laquelle il renvoie. Nous mettrons alors en lumière une lecture anthropologique de l’islam en le considérant comme un système de représentations (Geertz), une tradition discursive (Asad, Gadamer) et une technologie de soi (Foucault). Une telle appréhension de l’islam vise à explorer les conditions de possibilité (ou d’impossibilité) d’émergence d’un sujet musulman agissant au Québec. Quant à l’islamophobie, nous l’aborderons comme étant une stratégie discursive, faite de discours, d’attitudes et de comportements haineux qui visent la domination, la déshumanisation et l’animalisation de l’Autre musulman. L’islamophobie est aussi vue ici comme un processus de racialisation de l’altérité et comme une forme de radicalisation menant à la violence. Les femmes sont particulièrement visées car celles-ci attirent l’attention soutenue des médias traditionnels, des réseaux sociaux, et des débats publics et législatifs qui tendent à convertir les corps des sujets féminins musulmans en terrains de batailles politiques et idéologiques. Nous interrogerons les processus contemporains de négociation du vivre-ensemble dans un contexte où des citoyen.es d’obédience musulmane se considèrent visés par des discours, des attitudes et/ou des actions islamophobes.

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Pathways to violence and desistance (PAVD)


Chercheurs

Franca Cortoni, Sheilagh Hodgins, Francis Fortin, Frédéric Ouellet (Université de Montréal); Cécile Rousseau et Laurence Roy (Université McGill); Yanick Charrette, Patrick Lussier et Nadine Deslauriers-Varin (Université Laval); Natacha Godbout, Ghayda Hassan (Université du Québec à Montréal); David Morin (Université Sherbrooke) et Jean-Martin Deslauriers (Université d’Ottawa).

Partenaires

À cœur d’homme : Réseau d’aide aux hommes pour une société sans violence; Institut national de psychiatrie légale Philippe-Pinel; Ministère de la sécurité publique; Observatoire interdisciplinaire en justice et santé mentale; Regroupement des intervenants en matière d’agression sexuelle (RIMAS); IU SHERPA

Financement

CRSH 2019-2021

Description du projet

Ce projet de recherche, mené en collaboration avec des intervenants œuvrant dans des organismes de prise en charge des personnes violentes, vise notamment à identifier et à étudier des trajectoires menant à différentes formes de violence : la violence sexuelle, la violence conjugale, la violence chez les personnes ayant des problèmes de santé mentale ainsi que la violence liée à la radicalisation

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Côte à côte: le mentorat comme voie d'intervention en contexte de polarisations sociales?


Chercheurs

Élise Bourgeois-Guérin (Téluq), Ghayda Hassan (UQAM), Cécile Rousseau (McGill), Vivek Venkatesh (Concordia)

Partenaires

CIUSSS Centre-Ouest-de-l’île-de-Montréal, Musée des Beaux-Arts-de-Montréal

Financement

Description du projet

Au Québec, des programmes de prévention primaire de la radicalisation violente ont été développés afin de soutenir la résilience des communautés. Cependant, peu d’outils sont disponibles pour les intervenants qui doivent accompagner des jeunes déjà engagés dans une voie menant à la radicalisation violente ou à risque d’y basculer. La littérature fait état du succès mitigé des programmes axés sur la       «déradicalisation» qui visent l’abandon ou la modification des croyances extrémistes. Il semblerait que ce soit davantage les approches centrées sur la réhabilitation sociale, dont le mentorat, qui se démarquent de façon positive.

Ce projet vise à évaluer un programme de mentorat destiné aux jeunes à risque de radicalisation violente au Québec. Le programme, créé en collaboration avec une équipe clinique spécialisée en prévention de la radicalisation violente, offrira trois modalités de mentorat : habiletés de vie, accompagnement spirituel/philosophique et expression artistique. Les jeunes seront jumelés à un mentor, lequel bénéficiera d’une formation et d’une supervision clinique.

Le projet a pour objectifs d’évaluer : (1) le processus d’implantation du programme (facteurs facilitants vs contraintes) (2) l’appréciation du programme du point de vue des participants, des mentors et des superviseurs cliniques; (3) l’impact du programme sur les participants notamment en termes de diminution de l’isolement social, d’acquisition d’habiletés de vie, de sentiment d’avoir une voix et d’être entendus. Des entretiens semi directifs seront menés auprès de 10 jeunes, leurs mentors et superviseurs cliniques. Des notes ethnographiques décrivant les interactions lors des activités seront également colligées par les mentors. Les données tirées des entretiens semi dirigés et les notes ethnographiques seront soumises à une analyse thématique et dynamique.

Cette recherche originale fournira des connaissances sur une intervention novatrice dans un champ où les données évaluatives se font rares mais où la population générale et les décideurs cherchent activement des solutions.

Publications

À venir

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Identifier les meilleures pratiques en matière d’évaluation, d’intervention et de prévention de la radicalisation menant à la violence par des revues systématiques de la littérature


Chercheurs

Ghayda Hassan (UQAM), Eugene Borokhovski (U.Concordia), Frédéric De Jean (UQAM), Kevin Pottie (UOttawa), Habib El Hage (Cégep Rosemont), Cécile Rousseau (McGill), Myrna Lashley (McGill), AbdelwahedMekki-Berrada (ULaval)

Financement

MSSS : 2016; UNESCO : 2016-2017; Public Safety Canada :2017-2021

Description du projet

Sous la direction scientifique de Ghayda Hassan, quatre revues systématiques sont en cours d’élaboration.   Ces revues systématiques s’inscrivent dans la programmation de recherche du Réseau Canadien des Praticiens en prévention de la radicalisation violence (financement de Public Safety Canada) et répondent également à la mesure 2.1.5 du Plan d’action gouvernemental 2015-2018 La radicalisation au Québec : agir, prévenir, détecter et vivre ensemble (financement MSSS) et à un appel à projets de l’UNESCO.

Social Media and the Radicalisation of youth in the Digital Era

Internet est souvent considéré comme un vecteur important de la radicalisation. Le lien entre l’exposition à du matériel en ligne faisant la promotion de la radicalisation et les attitudes et  comportements de radicalisation  violente est encore peu connu. Objectif : Cette revue systématique vise à produire une synthèse des travaux qui se sont intéressés au rôle d’Internet et des médias sociaux dans le soutien à la radicalisation violente.

Programs that aim to prevent radicalization and disengage individuals adhering to violent radical ideas and behaviors

En réponse aux événements terroristes des dernières années, des programmes de prévention et d’intervention sont mis en place un peu partout dans le monde. Cependant encore peu évaluée et peu connue. Objectif : Cette revue systématique de la littérature internationale et nationale porte sur les initiatives de prévention et d’intervention existantes en matière de radicalisation violente (contexte de développement, évaluation d’implantation, évaluation de l’efficacité). Elle permettra de produire des recommandations basées sur les meilleures pratiques.

Trajectories of youth in and out of violent radicalization

Comprendre les trajectoires des jeunes qui se sont radicalisés constitue un élément majeur pour mettre en place des initiatives de prévention et d’intervention qui fonctionnent. Des études récentes se sont intéressées à donner une voie  à ces jeunes et à leurs familles. Objectif: Cette revue systématique fera la synthèse de ces travaux afin de mieux  cerner les éléments du parcours d’entrée ou de sortie de la radicalisation (motivations, points tournants, réseau personnel, événements de vie, etc.).

Assessment tools/procedures of violent radicalization 

Des outils d’évaluation des risques, que ce soit en matière de prévention du suicide ou autre,  sont régulièrement utilisés par les professionnels afin de porter un jugement clinique et de guider leur intervention. Il n’est donc pas surprenant que ce type de procédure et d’outil en matière d’intervention et de prévention de la radicalisation violente voit le jour.  Objectifs : Cette revue systématique s’est intéressée à documenter la fiabilité et la validité de ces outils de même que  leur transférabilité possible à un contexte canadien. Les bénéfices et risques associés seront également documentés.

Retombées : Générer des bonnes pratiques fondées sur des données probantes, mieux évaluer et dépister la radicalisation violente chez les jeunes, mieux prévenir et intervenir.

Publications

Alava, S., D. Frau-Meigs, et al. (2017). Youth and violent extremism on social media: mapping the research, UNESCO Publishing.

Hassan, G., Brouillette-Alarie, S., Alava, S., Frau-Meigs, D., Lavoie, L., Fetiu, A., … & Sieckelinck, S. (2018). Exposure to extremist online content could lead to violent radicalization: a systematic review of empirical evidence. International journal of developmental science, (Preprint), 1-18.

(Soumis) Risks and benefits of security approches in health, social services and education institutions to prevent youth violent radicalization. The Lancet

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Développement et évaluation d’une formation élaborée pour les intervenants psychosociaux du réseau de la santé, des services sociaux et de l’éducation


Chercheurs

Cécile Rousseau (McGill), Ghayda Hassan (UQAM), Garine Papazian-Zohrabian (U.Montréal), Imen Ben Cheikh, Habib El-Hage, Spyridoula Xenocostas. Élise Bourgeois-Guérin (postdoctorante)

Financement

MSSS : 2015-2017, MELS 2016-2017

Description du projet

En réponse à la mesure 2.8 du Plan d’action gouvernemental 2015-2018 La radicalisation au Québec : agir, prévenir, détecter et vivre ensemble, des chercheurs cliniciens de SHERPA ont élaboré et évalué les retombées d’une formation qui se penche sur une thématique sensible, fortement médiatisée qui fait l’objet de débats sociaux souvent polarisés: la radicalisation violente chez les jeunes au Québec.

Ce phénomène est abordé selon une approche critique, réflexive et antidiscriminatoire qui met l’accent sur les rapports intercommunautaires, ainsi que sur la présence de facteurs d’exclusion, de discrimination et de racisme. Ses dimensions cognitives, mais également émotives sont abordées. La formation vise, largement, à favoriser le développement d’une conscience de l’autre complexe et à accroître la sécurité des jeunes. Elle vise aussi à transmettre les savoirs au sujet de l’efficience des interventions et de leurs limites.

Un module général ou bloc commun (3h) : « comprendre pour mieux prévenir: la radicalisation violente chez les jeunes », propose un aperçu conceptuel et contextuel tiré des dernières recherches sur le sujet, notamment au Québec; facteurs de risque et de protection; pistes de prévention, rôle des médias. Les modules complémentaires abordent l’intervention clinique, la prévention, l’accompagnement des familles et  la façon d’aborder des sujets sensibles auprès des élèves.

Objectifs : Développer et évaluer des formations pour les intervenants psychosociaux du réseau de la santé et pour les intervenants du réseau de l’éducation

L’évaluation des formations s’articulait autour des objectifs suivants :

  • Déterminer le degré de satisfaction des participants par rapport (1) aux contenus (2) à la forme et (3) aux interactions liées aux formations.
  • Cerner les attitudes des participants vis-à-vis différents enjeux liés à la radicalisation violente et documenter l’impact de la formation sur les attitudes.
  • Évaluer le sentiment de compétence des participants, c’est-à-dire leur impression d’être capables (1) d’évaluer une situation à risque et de trouver les ressources nécessaires le cas échéant et (2) de formuler/participer à une activité de prévention appropriée à leur champ de compétences.

Méthodologie : Les formations ont été évaluées en méthode mixte. L’évaluation des formations reposait sur trois volets : la passation d’un court questionnaire, l’observation participante et la tenue de groupes de discussions. Le questionnaire utilisé dans le cadre de l’évaluation des formations s’inspirait, à quelques nuances près, du modèle d’enquête « Connaissances, Attitudes et Pratiques » (CAP), un modèle largement utilisé dans le champ de la santé primaire. Le questionnaire a été rempli par les participants avant et après la formation. L’observation participante a permis de noter les réactions verbales et non verbales des participants, de même que leurs interactions entre eux et avec les animateurs. Finalement, les participants ont été invités à participer à des groupes de discussions suite aux formations. Ces groupes de discussions s’articulaient autour de questions ouvertes portant sur (1) les attentes des participants vis-à-vis la formation (2) leurs impressions générales (3) leurs recommandations quant aux aspects à améliorer (3) et ceux sur lesquels miser (4) dans le futur. Les données recueillies ont fait l’objet d’une analyse qualitative et quantitative. Une rétroaction continue avec la pratique a permis d’ajuster au mieux les savoirs aux réalités locales et conjoncturelles.

Résultats : Un total de 270 professionnels, issus de différents milieux, ont participé aux seize formations offertes entre janvier et juin 2017 regroupant à chaque fois de 4 à 28 participants. Parmi eux, on retrouve une majorité de cliniciens (travailleurs sociaux, psychologues, autres cliniciens), de même qu’une grande proportion de personnes dans le milieu de l’éducation (enseignants, ressources pédagogiques).L’analyse des données tirées des questionnaires et des groupes de discussions permet de croire que les objectifs des formations ont été atteints. En grande majorité, les participants se sont dits satisfaits des formations, et ce, tant sur le plan des contenus et de la forme que des interactions. Les formations ont eu un impact significatif sur les attitudes des participants qui se sont globalement montrés moins inquiets vis-à-vis l’ampleur et la prise en charge du phénomène après les formations et moins polarisées dans leurs perspectives. Au-delà de leur fonction instructive, il semble donc que les formations aient aussi une portée rassurante. De plus, le sentiment de compétence des participants, lorsqu’il a fait l’objet d’une mesure pré-post, a également augmenté de façon significative à la suite de aux formations. Les résultats suggèrent donc que la formule adoptée pour les formations s’avère donc généralement efficace sur ces plans.

L’analyse des données issues des notes d’observation participante plaide en faveur d’un travail d’animation qui, au-delà de l’articulation de contenus spécifiques, repose également sur la prise en compte des réponses souvent affectives que ces contenus provoquent chez les participants. En effet, il semble que différents mouvements de polarisation se créent au sein du groupe de participants autour de thématiques délicates lors des formations. Ces zones de crispation suggèrent que la capacité à contenir l’incertitude et l’angoisse que génèrent les phénomènes de polarisation et leurs dérives violentes est un des défis principaux de ces formations.La formule d’animation en dyade semble ici particulièrement à propos dans la mesure où elle permet aux formateurs d’alterner entre une posture d’animation et d’observation. La charge affective soulevée par les contenus des formations laisse aussi deviner l’importance de prendre le temps d’aborder avec les participants les émotions que suscitent en eux certaines thématiques délicates avant de les présenter sous un angle plus théorique. Le recrutement des formateurs devra s’appuyer tant sur leur capacité à contenir les débordements que ces thématiques peuvent occasionner dans les groupes que sur leur capacité à aborder les contenus dans une optique de partage des savoirs.

Publications

Bourgeois-Guérin, É., et al. (2019). « Penser les modalités de formation en prévention de la radicalisation violente. » L’Autre 20(2): 183-192.

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L’intervention clinique en situation de radicalisation : implantation et évaluation d’un modèle de consultation clinique autour d’une modalité de discussions de cas inter-régionales


Chercheurs

Cécile Rousseau (McGill), Yann Zoldan (CIUSSS CODIM-McGill), Johnson-Lafleur (McGill), Spyridoula Xenocostas (METISS)

Financement

SHERPA : 2017-2019

Description du projet

Dans le cadre du Plan d’action gouvernemental de prévention de la radicalisation menant à la violence, le MSSS a donné le mandat au CIUSSS Centre Ouest de déployer une ligne d’appel dans le réseau de la santé et des services sociaux pour répondre aux besoins psychosociaux en lien avec cette réalité. Cette équipe clinique spécialisée est rattachée à la Direction des soins de première ligne de cette institution. Elle est composée de 7 intervenants (psychiatres, pédopsychiatres, psychologues et travailleurs sociaux) appartenant aux directions santé mentale et soins de première ligne du CIUSSS-Centre Ouest de l’Île de Montréal, ainsi que de consultants externes (psychologues). Outre son mandat d’évaluer adéquatement des situations délicates exigeant une expertise particulière et formuler un plan d’action et des recommandations pour les intervenants impliqués, les cliniciens sont également appelés à soutenir le développement des équipes cliniques régionales qui se mettent en place dans différentes villes.

En se fondant sur l’efficacité démontrée d’une modalité de formation continue pour appréhender des sujets complexes, les séminaires transculturels et inter organisationnels de discussion de cas (De Plaen et al., 2005, Rousseau et al, sous presse), des rencontres mensuelles par visioconférence ont été organisées pour réunir les cliniciens des 5 équipes québécoises. Les séminaires transculturels permettent un travail collectif de réflexion et de déconstruction invitant à une meilleure compréhension des références culturelles de chacun.

Évaluation : Cette recherche a pour objectif principal d’évaluer les séminaires transculturels et interinstitutionnels au regard des problématiques de polarisations sociales.Une des spécificités de ces séminaires est qu’ils seront associés à différents groupes de professionnels par visioconférence. Les différentes équipes réunies en groupe seront en visioconférence afin de partager ce séminaire à une échelle plus large. Plusieurs sites sont concernés : Montréal, en présence, et Laval, Québec, Gatineau et Sherbrooke, en visioconférence. Les partenaires de recherche sont donc les CI(U)SSS suivant : du CODIM, de Laval, de la Capitale-Nationale, de l’Outaouais et de l’Estrie.

Méthodologie : Les éléments suivants seront documentés :

  • Les effets du séminaire sur le processus de formulation de cas partagé ainsi que sur les modalités d’évaluation et d’intervention privilégiées.
  • La perception du séminaire et autour de l’expérience subjective du participant sur ses relations professionnelles et partenariats.

Un questionnaire, inspiré du modèle d’enquête « Connaissances, Attitudes et Pratiques » (CAP), sera administré aux participants. Cette démarche d’évaluation quantitative vise à documenter les connaissances, les attitudes et les pratiques au sujet de différentes thématiques choisies par les chercheurs. Les participants des séminaires seront également invités par les chercheurs à participer à un groupe de discussion afin de recueillir leur vécu après une année de séminaire.

Retombées attendues : Les questions relatives aux polarisations sociales ont demandé à de nouvelles stratégies de recherche et de formation de se mettre en place. Nous pourrons obtenir des informations pour savoir s’ils constituent des éléments favorables pour la formation, s’ils aident les professionnels à prendre des décisions et s’ils favorisent de meilleures conditions de travail pour les acteurs impliqués. Les principales retombées attendues seront de faire la promotion de solutions démocratiques et ouvertes à l’autre et de proposer des alternatives aux logiques discriminatoires que ces sujets peuvent susciter.

Publications

Ben-Cheikh, I., Rousseau, C., Hassan, G., Brami, M., Hernandez, S., & Rivest, M.-H. (2018). Intervention en contexte de radicalisation menant à la violence: une approche clinique multidisciplinaire. Santé mentale au Québec, 43(1), 85-99.

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What if walls could talk about us? Improving intercommunity relations through community arts.


Chercheurs

Cécile Rousseau (McGill), Joëlle Tremblay (ULaval), Papazian-Zohrabian (UdeM), Abdelwahed Mekki-Berrada (ULaval), Caroline Beauregard (UQAT), Geneviève Audet (UQAM)

Partenaires

Musée des Beaux-Arts de Montréal, ATD Quart-Monde, Organisation des Jeunes de Parc-Extension (P.E.Y.O.), Centre-l’Unité, Résidence L’Alto, L’École Jean-Grou

Financement

CRSH : 2015-2018

Description du projet

Ce projet de recherche participative se déploie dans trois quartiers à Montréal : Parc-Extension, Saint-Laurent et Hochelaga-Maisonneuve. Dans chacun des sites, un projet d’art communautaire a été élaboré en partenariat avec les acteurs locaux. Il s’agit de projets qui visent à créer et renforcer les liens de solidarité et à fournir un espace d’expression publique pour les communautés vivant différentes formes d’exclusion.

Objectifs: Documenter le rôle de l’art communautaire dans la co-construction et le renforcement des liens intergénérationnels et communautaires dans des quartiers socio économiquement défavorisés qui accueillent des immigrants et des réfugiés. Le projet s’articule autour de quatre objectifs :

  1. Faciliter des rencontres intergénérationnelles autour d’activités artistiques
  2. Développer et réaliser des projets d’art communautaire
  3. Documenter le processus artistique
  4. Évaluer l’implantation de l’intervention

Méthode: Une méthodologie par « porteurs d’histoires » a été développée. Elle comprend une collecte de données centrée sur du matériel artistique et créatif (arts visuels, écriture, théâtre). L’analyse se centre sur les processus interactionnels associés au processus de création collective [130]. Retombées: En épaulant les acteurs locaux (écoles, CPE, OSBL), le projet contribuera à valoriser l’expression artistique locale des multiples visages (et tensions) du vivre ensemble.

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Développement et évaluation d’une trousse des capsules vidéo éducatives « comment traiter de sujets sensibles et du vivre-ensemble en famille »


Chercheurs

Cécile Rousseau (McGill), Anousheh Machouf (CIUSSS CODIM), Audrey Lachaîne-Lamothe (CIUSSS CODIM-McGill), Élise Bourgeaois-Guérin (CIUSSS CODIM-McGill),

Financement

MSSS : 2016-2017, CIUSSS Centre-Ouest: 2017-2018

Description du projet

Dans le cadre du plan intergouvernemental de lutte contre la radicalisation violente du Québec(Plan d’action gouvernemental 2015-2018 La radicalisation au Québec : agir, prévenir, détecter et vivre ensemble), SHERPA s’est vu confier le mandat de structurer et rendre accessibles des informations et des ressources pouvant favoriser de manière large, la prévention de la radicalisation violente par le développement de trois capsules vidéo éducatives. Ces produits vidéo ciblent notamment le soutien des familles dans la façon d’aborder des sujets sensibles et le vivre-ensemble pour trois groupes d’âge différents : enfants d’âge préscolaire, enfants d’âge scolaire primaire et les jeunes de niveau secondaire et collégial. Ces capsules concernent les préoccupations et les défis des parents à l’égard du traitement des sujets délicats qui touchent entre autres des événements de l’actualité et face aux réactions de leurs enfants, tout en évoquant des pistes de solution accessibles selon le groupe d’âge visé. Un guide d’accompagnement a également été créé pour appuyer le visionnement des capsules vidéo par des informations pertinentes, des activités de réflexion et des ressources appropriées selon l’âge ciblé. Des références permettant d’aider les parents et les intervenants sont aussi incluses.

Processus d’évaluation : Le développement du matériel a été accompagné d’un processus de validation scientifique et clinique auprès de chercheurs et de chercheurs cliniciens de l’Institut détenant une expertise solide sur cette question et d’un processus d’évaluation du matériel auprès de groupes de parents.

Méthode: La méthode de collecte repose principalement sur la formation de groupes de discussion (de type entretien-causerie).

  • Présentation du contenu des capsules vidéo et de la trousse à différents acteurs concernés et les questionner sur l’intelligibilité et l’efficacité de ces outils multimédia selon le groupe d’âge ciblé;
  • Documentation du niveau de satisfaction des participants par rapport au message véhiculé ainsi que de la forme des capsules vidéo et du matériel fourni selon le groupe d’âge ciblé;
  • Prise en compte les besoins des participants de milieux scolaire et communautaire en vue d’améliorer le contenu et la forme des outils multimédia
Publications

À venir

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