Projet sur la situation des femmes immigrées et racisées au Québec, Rapport de tournée auprès des femmes immigrées et racisées.
Résumé
L’accueil et l’accompagnement des femmes ayant un parcours d’immigration au Québec, dont certaines ont été affectées par des violences résultant des inégalités sociales intersectionnelles comprenant celles relatives au genre est une tâche complexe. La littérature disponible nous confirme que les expériences traumatiques de celles-ci jalonnent leur parcours pré, péri et post migratoire. Les accompagner adéquatement présente donc un défi de taille pour les intervenant.e.s qui doivent moduler non seulement avec les traumas, mais aussi avec les enjeux communicationnels, économiques et structurels qui marginalisent ces femmes . Partant de la nécessité d’approfondir la connaissance des éléments qui facilitent ou entravent l’installation de ces femmes au Québec, cette étude qualitative s’est déroulée en deux phases entre 2020 et 2022. Les informations analysées proviennent de 16 entrevues individuelles réalisées auprès d’intervenant.e.s desservant les personnes ayant un parcours migratoire au Québec, et de 14 entrevues individuelles auprès de femmes recrutées avec l’aide d’organismes communautaires en immigration et de maisons d’hébergement membres ou partenaires de la TCRI. À partir d’une analyse thématique de contenu, nous identifions différentes pressions et violences qui s’entremêlent dans le parcours migratoire de ces femmes. Pour certaines, ces pressions débutent longtemps avant la décision de quitter leur pays d’origine, pour d’autres, elles se matérialisent plutôt durant le parcours péri- et post-migratoire. Toutes ont cependant plus d’un tour dans leur sac pour y faire face. Si les stratégies adoptées sont relativement similaires d’une femme à l’autre (se fier aux organismes d’aide, se construire un réseau ou avoir foi en soi-même), les motivations présidant à leurs parcours et les obstacles rencontrés sont différents selon le statut des participantes (des demandeuses d’asile, des immigrantes parrainées, des étudiantes internationales et des travailleuses temporaires). Ce qui les relie toutefois, d’un point de vue structurel, est qu’elles se trouvent dans une situation une fois au Canada où l’exercice de leurs droits est limité par des barrières relatives aux conditionnalités restrictives de la résidence sur le territoire , une situation pour le moins propice à la violence et à l’abus. Les entretiens avec les intervenant.e.s dévoilent des préoccupations similaires. Les parcours migratoires, les obstacles à l’insertion potentiellement traumatiques et les moyen limités des services sociaux et du milieu communautaire ont inévitablement un impact sur l’intervention sociale, et souvent sur l’intervenant.e lui-même ou elle-même. Les personnes intervenantes doivent alors faire preuve de créativité pour répondre aux besoins urgents et multiples des femmes accompagnées. Dans ce contexte, conformément à sa mission, la TCRI prend action sur ces enjeux en mettant en œuvre des projets destinés à répondre aux besoins exprimés par les femmes et les intervenantes des organismes communautaires qui les accueillent et les accompagnent. C’est ainsi que le projet TRACES développe avec le concours des parties prenantes, un modèle d’intervention adapté, qui tienne compte des parcours complexes 2 des femmes ayant un parcours migratoire affectées par les violences genrées intersectionnelles (genre/race/classe etc.).