(Re)-négocier les statuts minoritaires en contexte d’immigration : étude de cas de familles berbères vivant à Montréal
S’il est vrai que la migration suscite une renégociation des repères identitaires, il est aussi vrai que cette négociation se fait habituellement dans un contexte de minorisation. Cette renégociation est souvent analysée sous l’angle des expériences postmigratoires, mais il s’avère aussi pertinent de la resituer plus loin dans le temps et dans l’espace. L’expérience minoritaire dans le pays d’origine contribue à la renégociation des repères identitaires en contexte de migration. C’est le cas des familles berbères que nous avons rencontrées dans une recherche portant sur la transmission familiale de valeurs chez les familles récemment immigrées du Maghreb. Minoritaires dans leurs pays d’origine par rapport à la communauté arabo-musulmane, ces familles sont aussi minoritaires au Québec où elles sont étiquetées comme « immigrantes » et souvent assimilées à « Arabes » et « Maghrébins ». Confrontées à ces formes d’étiquetage globalisantes, elles développent des stratégies visant à réaffirmer l’identité berbère. À travers l’analyse des récits des familles rencontrées, nous proposons d’explorer ces recompositions identitaires à partir des représentations du rapport berbère-arabe historiquement situées dans l’expérience prémigratoire et des représentations de leur statut d’« immigrant » au Québec.