Living with Uncertainty: An Ethnographic Study on the Agency and Belonging of Undocumented Youth in Canada
On connait peu de choses sur la vie des immigrants sans papiers au Canada, et encore moins lorsqu’ il s’agit des jeunes. À partir d’ un terrain ethnographique, cette thèse examine les interactions complexes entre les politiques d’ immigration et les vies de jeunes migrants (14-20 ans) sans papiers, issus de pays latino-américains ou caribéens et vivant à Montréal. Cette thèse a deux objectifs principaux. Premièrement, à partir de l’étude des lois et décisions juridiques de la dernière décennie au Canada, cette thèse vise à explorer comment les politiques d’immigration construisent des jeunes migrants simultanément comme des Autres menaçants et comme des êtres vulnérables, leur enlevant ainsi leur voix. Ces politiques d’ exclusions sociales transforment dramatiquement la vie de ces jeunes en limitant les possibilités de leurs interactions quotidiennes et en restreignant leur accès à des services sociaux. Deuxièmement, à partir d’un terrain ethnographique réalisé auprès de jeunes migrants sans papiers, cette thèse a comme objectif de comprendre comment ces sujets réinterprètent activement leur position sociale subordonnée et affirment leur pouvoir d’agir. La thèse postule que la multiplicité des stratégies développées par les jeunes migrants pour faire face aux incertitudes et à la liminalité découlant de leur statut migratoire est ancré dans de complexes relations d’interdépendance et dans des sentiments ambivalents d’appartenance. Comme cette étude le montre, la vie de ces jeunes et les façons dont ils conçoivent leur existence ne devraient pas être interprétées comme des récits de victimisation ou de résistance. Les jeunes ont plutôt des façons multiples, complexes et parfois paradoxales de (re)prendre parole, en se situant de façon ambivalente et ambigüe comme étant “présents”. Ce n’est qu’à travers l’examen du pouvoir d’ agir et des appartenances ambivalentes des jeunes ainsi qu’à travers des recherches empiriques que nous pourrons améliorer notre capacité à répondre aux besoins des jeunes migrants sans papiers et comprendre l’impact des politiques migratoires sur leurs vies.