L’expérience des demandeurs d’asile détenus au Canada
Au Canada, les demandeurs d’asile détenus en vertu des lois sur l’immigration sont enfermés dans des établissements de type carcéral, même si moins de 6 % d’entre eux sont soupçonnés de criminalité ou de dangerosité. Nous présentons un survol de la situation canadienne, incluant des données tirées de notre récente étude sur l’impact de la détention sur la santé mentale des demandeurs d’asile. Cette étude fut menée auprès de 122 demandeurs d’asile adultes détenus dans des centres de surveillance de l’immigration, à Montréal et à Toronto, et d’un groupe témoin de 66 demandeurs d’asile non détenus. Les demandeurs d’asile détenus vivent un sentiment de disempowerment et de perte d’agentivité en raison du régime de surveillance et de règles strictes dans lequel ils sont placés et de la durée indéterminée de leur détention. Après une incarcération moyenne de 31 jours, le niveau de symptômes psychiatriques était nettement plus élevé chez les demandeurs d’asile détenus que chez les non-détenus ayant eu une exposition traumatique prémigratoire équivalente. La Loi visant à protéger le système d’immigration du Canada (projet de loi C-31) prévoit que des demandeurs d’asile désignés par le ministre, incluant des jeunes de 16 ans et plus, seront automatiquement détenus avec une possibilité très limitée de demander la libération. Il faudrait, au contraire, envisager des solutions de rechange moins contraignantes.